Cyberharcèlement : constats de terrain et urgences d’action

Depuis plusieurs années, Jeune Et Citoyen ASBL intervient dans les écoles sur la thématique du cyberharcèlement et de la prévention des risques liés aux usages numériques.

En cette Journée internationale contre la violence et le harcèlement en milieu scolaire, nous publions notre note « Cyberharcèlement : constats de terrain et urgences d’action ». Nous dressons un état des lieux de ces réalités, analyse les difficultés rencontrées par les différents acteurs éducatifs et formule plusieurs pistes d’action concrètes pour renforcer la prévention et la régulation.

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À travers notre expérience de terrain, nous observons une évolution préoccupante des situations vécues par les jeunes et une demande croissante d’accompagnement de la part des établissements scolaires.

Une augmentation notable des demandes depuis le confinement

Depuis le confinement, nous constatons une hausse significative des demandes d’interventions autour du cyberharcèlement.

Les directions d’école et enseignant·es souhaitent désormais aborder cette question plus tôt dans le parcours scolaire, parfois dès la première primaire.

Ce constat témoigne d’une prise de conscience accrue du risque numérique et d’une volonté d’agir avant que les situations de harcèlement en ligne ne s’installent.

L’usage intensif des réseaux sociaux comme principal canal de communication entre jeunes, amplifié par la période d’isolement, a renforcé leur influence dans la construction identitaire. Le temps passé en ligne – souvent consacré au défilement passif de contenus – modifie la manière dont les jeunes interagissent, perçoivent autrui et gèrent les conflits.

Des écoles souvent démunies face à la complexité du phénomène

Malgré une offre associative riche, de nombreuses écoles restent démunies. Certaines s’engagent dans des démarches de prévention régulières, tandis que d’autres peinent encore à aborder le sujet, faute de temps, de moyens ou de repères.

Dans plusieurs cas, le cyberharcèlement est encore perçu comme extérieur à l’école, ce qui conduit à sous-estimer ses répercussions sur le climat scolaire et le bien-être des élèves.

Ce constat met en évidence le besoin d’un accompagnement structuré, durable et coordonné, capable d’impliquer à la fois les équipes pédagogiques, les parents et les jeunes eux-mêmes.

Un secteur associatif en première ligne mais sous tension

Les associations spécialisées jouent un rôle central dans la sensibilisation et la formation autour du cyberharcèlement. Pourtant, leur action reste trop souvent freinée par un manque de reconnaissance institutionnelle et de moyens structurels.

Faute de ressources suffisantes, nombre d’entre elles ne peuvent répondre à l’ensemble des demandes émanant des écoles ou maintenir des actions de prévention sur la durée.

Nous plaidons pour un renforcement du soutien public au secteur associatif jeunesse et éducation, afin de consolider les dispositifs existants, favoriser la mutualisation des pratiques et garantir un accès équitable à la prévention pour toutes les écoles.

L’urgence d’une régulation adaptée des réseaux sociaux

Nos observations rejoignent un constat largement partagé : les plateformes numériques manquent encore de garde-fous efficaces.

Les algorithmes exposent les plus jeunes à des contenus violents, haineux ou à caractère sexuel sans tenir compte de leur âge réel. Cette absence de régulation cohérente crée un environnement numérique à haut risque, où la violence symbolique et les comportements discriminatoires se propagent rapidement.

Nous appelons à une responsabilisation accrue des plateformes, à travers un cadre légal plus strict, des obligations de transparence algorithmique et des sanctions dissuasives en cas de manquement à la protection des mineur·es.

Agir collectivement pour prévenir et accompagner

Pour faire face à ces enjeux, il est essentiel de renforcer la coordination entre écoles, familles, associations et pouvoirs publics.

Nos recommandations prioritaires portent sur :

  1. Le développement d’actions éducatives contre les discours de haine et les idéologies extrémistes diffusées en ligne ;
  2. La formation et l’accompagnement des parents, souvent démunis face aux usages numériques de leurs enfants ;
  3. La production de données chiffrées fiables et actualisées, afin d’ajuster les actions de prévention à la réalité des jeunes ;
  4. Le soutien renforcé au tissu associatif, garant de l’expertise de terrain et de la proximité avec les écoles.

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